Sous-bois
Avec ce pas, on avance. Il faut avancer doucement, le sol de la forêt est inégal et empli de surprises. Beaucoup de plantes et de petits animaux profitent de l’ombre des arbres pour pousser. C’est souvent un peu humide. Si vous marchez pieds nus, débarrassez de vos chaussures de femme civilisée, très vite vous les retrouvez couverts de terre. Il faut avancer dans les sous-bois. Là, plus de retour en arrière n’est possible. C’est la forêt tout autour. Elle peut être pleine de mystères, ou pleine de peur mais elle est surtout pleine de vie. Le bruissement de ce vivant que vous ne faisiez qu’effleurer à la lisière vous entoure maintenant. Le vent dans les arbres, les milliers d’êtres vivants autour, l’odeur de la terre, les feuilles mortes qui crissent sous vos pas, la sensation rugueuse de l’arbre auquel vous vous rattrapez en glissant sur le sol humide. Mais pour voir tout ça il faut être attentive. Il faut se débarrasser de qui l’on était, désapprendre jalousie, compétition et frénésie, performance, vanité et fuite en avant, rompre avec le désir d’expansion, pour mieux réa-prendre la mesure et en apprécier les douceurs. Il faut (re)ssentir. Ne plus se sentir plus que quoi que ce soit. Ecouter, voir, gouter, puis enfin s’imprégner. Essayer de comprendre pourquoi c’est important. Observer comment les interactions vivantes fonctionnent, combien elles sont importantes et entremêlées. Apercevoir la trace unique de la meute de loups, le passage de la colonie de fourmis, la manière dont les champignons entretiennent les arbres. Il faut laisser de côté son ego d’humain, sortir de l’idée que nous sommes les seuls êtres pensants et conscients de cette planète et devenir partie d’un tout, celui de la forêt.